mercredi 24 août 2011

Le noeud

J'ai pensé toute la journée à la possibilité, et surtout à l'impossibilité, d'écrire une lettre à ma mère pour lui dire ce que je ressens. C'est un noeud, voire un abcès, que je n'ose pas toucher, même si je sens que je le devrais. Pour moi.

Moi qui crois tellement en l'authenticité; avec elle, je ne le suis pas. Et j'aimerais le devenir. Je sens que les mots et la façon viennent peu à peu. L'impératif aussi. Je repense aux derniers mots de mon grand père pour moi et à la force qu'il a eu jusqu'au bout et m'a laissée. Je m'en sens presque capable. Puis je prends peur.

Devenir vraie jusqu'au bout... De toute façon, ma colère et ma peine transparaissent, en plus de me bouffer la vie. J'ai envie de trouver les mots pour vivre tout ça comme une adulte, en disant simplement ce que tout le monde sait, avec respect mais aussi avec vérité.

Ça semble si simple, mais ça ne l'est pas. C'est une vraie boule de ficelles à démêler. J'ai peur de me sentir au final encore plus coupable. Peur de trop blesser. Peur de ne pas trouver les mots. Peur surtout de ne pas gérer l'après. Pas envie de commencer un dialogue pour le moment, ni d'entamer un rapprochement; peur que ça le fasse.

J'ai pensé à tout ça toute la journée, et je l'ai finie en vidant le frigo. J'aurais pu et j'aurais du m'arrêter. Je vais reprendre une phrase souvent répétée par mon frère avec la drogue: "j'arrête quand je veux, c'est juste que je veux pas...". Aujourd'hui, je ne voulais pas. Ça peut sembler étrange de faire une compulsion en l'assumant. Ça l'est surement un peu aussi. Je pressens une éventuelle séparation avec une béquille de longue date.

Je compulse dans la vie parce que, quelque part, ça me fait du bien. Il y a des aspects de la chose qui vont me manquer, d'autre non. Mais la fin est au bout du chemin ou je suis...


Edit: Je viens d'écrire deux longues lettres qui disent sans réelle méchanceté mais sans détour ce que je ressens vraiment et ce que j'attends. Une pour ma mère, et une pour mon père. Et j'ai vraiment envie de les envoyer...

6 commentaires:

  1. Mince, j'arrive trop tard !

    J'allais dire : écris tout ce que tu as sur le coeur, lâche toi complètement, mets des mots sur ta souffrance, vois ce qui sort, et après ... Après, tu n'auras peut-être même pas besoin de l'envoyer cette lettre. De l'avoir dit une fois, à toi, de l'avoir sous les yeux, ca aurait pu te soulager.

    Ils ne vont pas changer, lettres ou pas. Ce que tu risques le plus, c'est de déclencher un guerre d'incompréhension. Tu as besoin de leur dire ou de te le dire ?

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  2. Je suis d'accord avec Strid. Je pense que l'écrire suffit. De toute façon, d'après mon expérience, ils ne comprendront pas ce que tu leur dis, ça ne changera pas leur attitude, ils n'exprimerons pas de regrets. Je n'ai jamais réussi à parler à ma mère ; maintenant elle est morte, donc ça n'arrivera plus. Mais je n'en ai pas de regrets. J'ai pris conscience de tout ce que j'avais à lui reprocher, et je lui ai presque pardonné. Maintenant je la plains plutôt et je suis seulement un peu triste de cet amour que nous n'avons pas vécu.

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  3. Strid: je n'ai peut-être pas besoin de tout leur dire, mais je crois que j'ai besoin qu'ils sachent au moins que je n'ai pas tout oublié comme par magie et que je continue d'être triste et en colère. J'ai besoin de devenir plus vraie dans cette relation, d'une façon ou d'une autre. Je ne peux plus continuer de faire semblant. Ça me dévore de l'intérieur...

    Martine: Je crois avoir bien conscience de tout ce que j'ai à reprocher à mes parents, mais je continue d'essayer d'agir comme s'il n'y avait rien. J'ai besoin de faire quelque chose pour moi, quelque chose qui me fera sentir une certaine harmonie entre mes sentiments et mes actes. Je n'ai pas encore décidé d'envoyer ou non ces lettres. Elles ne sont pas agressives. Je crois que j'y ai simplement mis un peu de mon coeur, et ça ne sera pas mon problème si elles ne sont pas reçues comme j'aimerais.

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  4. oui moi aussi j'ai toujours agi comme s'il n'y avait pas de problèmes, mais je bouillais intérieurement, et je m'en suis longtemps voulu d'être aussi lâche ; c'était devenu une vraie corvée d'aller chez mes parents, et je m'y obligeais quand même, va savoir pourquoi ; maintenant j'ai fait la paix avec moi-même.

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  5. Toi tu n'as pas oublié, mais eux ? Si je sortais à la mienne, de mère, toutes les horreurs engrangées, je suis bien certaine qu'elle ne me croirait pas.
    Es-tu si sûre de ne pas espérer de retour ?
    En tous cas, bravo ! Ecrire est déjà si difficile.
    Quant aux compulsions, tu me rappelles ces passages de l'analyse où le symptôme revient en force parce que l'on sent en fait le dénouement approcher. Pomdereinette

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  6. Martine: je m'y oblige aussi... je bouille aussi... mais bizarrement, je ne vois pas ça comme de la lâcheté. Je ne sais pas trop ce que c'est toutefois!

    Pomdereinette: Ils n'ont pas oublié, je le sais. Il y a des choses qui ne s'oublient pas, et ils me laissent parfois entendre qu'ils ont des regrets. En fait, je ne VEUX pas de retour de ma mère. Je n'ai pas envie d'en parler avec elle et de devoir encore la parentaliser, parce qu'immanquablement, il va falloir que je la console de la faire sentir si mal ou un truc dans le genre. Je n'ai pas envie de faire la paix. J'ai juste envie qu'ils sachent et ainsi d'être en paix avec moi même en arrêtant de faire comme si tout allait bien... C'est compliqué dans ma tête... Pour ce qui est des compulsions, j'ai l'impression que tu as raison.

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