jeudi 18 août 2011

La maternelle à l'université

La puce est finalement couchée et dort comme un petit ange. J'adore être maman, même si mes standarts sont élevés et me coutent. Lorsque j'ai décidé d'avoir un bébé, je savais que j'y mettrais beaucoup d'énergies, mais je n'imaginais pas à quel point ce serait parfois difficile et déstabilisant. La première année fut si difficile et pleine d'inquiétude! Ma fille se porte maintenant à merveille, même si elle est minuscule et toujours près d'être gavée... À 15 mois, elle ne fais pas encore 8 kg. Je l'allaite, la porte, nous faisons du co-dodo et j'essaie de respecter le plus possible ses rythmes, tout en lui offrant un cadre stable et réconfortant. Tant de proximité, ce n'est pas toujours facile, mais je crois profondément que l'autonomie réelle vient d'un attachement solide, d'autant plus quand les premiers mois ont été difficiles pour elle. Si j'avais voulu de la facilité, j'aurais opté pour une plante verte. Je ne prends pas les chemins les plus faciles, mais je fais ce que je crois le mieux pour ma fille, selon ce que me dicte mon coeur, sans juger les choix des autres.

Il y a des jours où j'ai l'impression de ne plus m'appartenir. Les grands parents sont loin et nous sommes un peu seuls avec Maëlie. Nous avons bien sur plein d'amis qui aimeraient la garder mais j'attends qu'elle soit prête... En attendant, je suis une maman à temps plus que complet. C'est ce que je veux, c'est mon choix, mais je crois avoir le droit de dire quand même qu'il y a des jours ou je suis épuisée et ou je me sens vidée de ma substance et de mon existence.

J'ai de la difficulté à hiérarchiser mes valeurs. Même d'un point de vue tout è fait égoïste, je veux être présente aux découvertes de ma fille, être avec elle au quotidien pour l'aider à grandir. Pourtant, je n'arrive pas à faire le deuil d'une carrière comme sage-femme. Je n'ai plus que 3 ans à compléter, sur 4 et demi, mais même comme étudiante, être sage-femme au Québec demande un dévouement et des sacrifices que je ne veux pas faire porter à ma famille. Être sur appel à toute heure du jour et de la nuit, partir n'importe quand sans savoir quand on va revenir à la maison, être mise en stage toujours à la dernière minute, n'importe où dans la province, partager la charge complète d'une sage-femme en plus des cours, des travaux, de l'étude, des examen et du stress qui vient avec, ça ne se fait pas sans impacts sur les gens autours. Je vois mes collègues faire des sacrifices que je ne pourrais pas faire porter à ma fille. Je ne peux pas accepter d'être mère à temps si partiel, même pour un métier si plein de sens et tellement plein de possibilités. Pourtant, j'ai encore croisé une étudiante aujourd'hui qui revenait de stage en Afrique, et j'ai été jalouse comme pas possible.

Dans la vie, on ne peut pas toujours tout avoir, et ça m'écoeure.

Je me lance donc en septembre dans des études de psychologie. C'est donc un autre 7 ans avant d'avoir mon doctorat, et 9 ans si j'arrive à entrer au profil scientifique-professionnel combiné. Et comme je commence à temps partiel, c'est encore plus long. C'est complètement déraisonnable, mais ça me permettra de vivre ma vie de mère tout en complétant des études qui me plaisent. Ultimement, j'aimerais faire de l'humanitaire et enseigner. Au moins, je serai assez vieille à ce moment là pour être crédible.

3 commentaires:

  1. tu sais, ma mère était infirmière. Alors ok, elle avait des horaires, mais pas des horaires du bureau non plus. 6-14h, 8-16h ou 13-21h, elle travaillait les week-ends, les jours et soirs de fête, des fois même de nuit quand j'étais petite. Mon père prenait le relais quand elle n'était pas là le matin ou le soir. Et le soir, on l'attendait pour l'embrasser quand elle rentrait. Je n'ai pas l'impression d'avoir été mise de côté ou que ma mère nous ai sacrifiés. Au contraire, ca ne l'a pas empêchée de beaucoup nous couver. Je n'ai jamais douté de son affection, ni de son soutien, elle a toujours été là pour nous.

    J'ai toujours aimé l'exemple de ma mère, qu'il est possible de vivre son métier passionnant et de vivre sa famille aimante. D'ailleurs, je déteste en Allemagne qu'on me dise que pour le bonheur et l'équilibre de l'enfant, il faut que la mère reste avec lui et ne travaille pas. Un enfant, ca vit sa vie, il n'attend pas que sa mère soit là et le regarde pour s'émanciper et faire des découvertes.

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  2. Je suis loin de penser qu'il faut ne rester qu'avec l'enfant et batir sa vie autour de lui. Toutefois, la réalité d'une sage-femme québécoise est bien différente de celles des s-f européennes.

    J'ai des amies qui, pendant leur formation, ne voient leurs enfants qu'une fin de semaine sur deux. La majorité des s-f que je connais sont divorcées. Ça me fait peur. Il faudrait sans doute que je fasse au moins mon premier stage pour avoir une meilleure idée de comment cet engagement se vit au quotidien. Mais ici, nous faisons tout pour être présente à l'accouchement de nos clientes, et pendant toute la durée de celui ci. Nous sommes disponibles pour l'avant et l'après à peu près en tout temps! Le temps des études surtout, me fait peur. Ça passe si vite, la petite enfance; je n'ai pas envie de tout manquer! C'est pour ça que tout ça est encore en réflexion. Je n'ai pas pris de décision définitive, même si je commence d'autres études...

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  3. Tu fais très bien. Un métier, oui, un esclavage, non.

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