dimanche 3 juillet 2011

Maman

Hier, je suis allée chez ma maman. Ma mère, elle fait à tout coup disjoncter mes trois neurones sains, et je me rends compte que j'y réagis en me séparant de moi même, de mes sensations. Tout ce que je veux quand je suis avec elle, c'est être ailleurs. Pour la pleine conscience, il faudra repasser. Dans ces moments là, je mange et je m'oublie. C'est un impératif auquel j'arrive rarement à échapper.

Je me demande si je ne lui fais pas aussi un effet semblable. Quand je suis là, elle mange, une situation exceptionnelle pour elle. Elle ne fait pas que manger, elle mange trop. Hier, nous avons mangé de la pizza et des glaces, en quantité, pendant que j'abordais ouvertement le sujet des chicanes de famille, en taisant toutefois les griefs sérieux que j'ai contre ma mère et mon beau père. Ma relation avec eux, c'est faire semblant, parce que c'est plus facile, tout comme il font semblant d'avoir oublié...

Je n'avais pas faim puisque nous avions diné au resto indien, ma fille, mon amoureux et moi. Ma mère m'a avoué avoir passé 3 jours à jeuner pour se permettre de pouvoir manger avec nous. Quand j'étais enfant, ma mère ne cuisinait pas, et alternait les régimes, la boulimie et l'anorexie. Quand la vie était dure, et elle l'étais souvent, c'était orgie de dessert et de friandises pour tous, devant la télé. Ma mère était en surpoids, et elle est aujourd'hui mince, à force d'abnégation et de techniques pas très saines. Il ne faut pas se demander d'où je tiens mes comportements malsains avec la nourriture, mais je ne le prends pas pour excuse. Aujourd'hui, je suis responsable de ce que je mange et de comment je le mange, moi et personne d'autre.

Dans les miroirs déformants de chez ma mère, je me vois immense et horrible. Et du coup, je mange et m'en veux de le faire. Le lendemain, je digère cet afflux de sentiments négatifs... en mangeant! J'ai l'impression que ça m'affecte plus que je ne m'autorise à le ressentir. C'est toujours très visible dans ce que je mange ensuite, dans ce petit sentiment vague et diffus mais clairement dépressif qui me tombe dessus après.

Il me faudra grandir et digérer une fois pour toute le passé indigeste. J'ai peur d'en être malade mais, clairement, il faudra bien que j'affronte un jour, si je veux en être réellement libérée une fois pour toute.

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