lundi 30 avril 2012

Juste trop de chance...

Quand ça va trop bien, je me sens mal. Comme si l'injustice de la situation, bien qu'à mon avantage, me rendait encore plus responsable du manque de karma des autres. Je n'ai tellement rien mérité de plus que ces femmes itinérantes avec qui j'ai travaillé pendant des années, ou que ma voisine, malade, monoparentale et qui peine à arriver. Mais tout roule terriblement bien. Sauf peut-être les 48 kilos que je vais prendre si je ne me re-saisis pas.

Je n'écris pas beaucoup, parce qu'on baigne dans 4012 projets encore secrets qui me font trépigner de bonheur et d'excitation, qui me rendent complètement insécure et qui triplent mes trips de bouffe.

Permettez moi d'échapper quelques secrets avant d'exploser.

Nous avons acheté un condo. Je n'aurais jamais osé souhaiter en avoir un si beau... Du coup, je vais être gênée de dire que c'est moi qui habite le coin du toit de l'ancienne manifacture, tsé, moi qui parle encore de simplicité volontaire... On a des murs de brique, des poutres visibles, des fenêtres mansardées, du cachet à n'en plus finir, de la lumière partout avec un solarium et une terrasse sur le toit, vue sur le centre ville et le Mont-Royal inclus. La localisation est juste parfaite, sur une belle rue tranquille, près du marché Atwater, de la piste cyclable, du métro et de l'autoroute. On avait pas prévu d'acheter si vite. C'était juste un coup de foudre.

Et du coup, puisque la livraison est à l'été 2013 et que les astres sont alignés, on a décider d'y aller pour un projet qu'on a envie de faire depuis longtemps. On laisse notre logement cet été, on stocke nos meubles et la voiture dans le garage de grand-maman en emportant que le minimum, et on part pour un an en famille... C'est un autre coup de tête fou. On a complété la vaccination de toute la famille, on compte aller parfaire notre espagnol en Amérique centrale avant de chercher un contrat humanitaire ou un contrat de pilote pour mon amoureux. Mais avant tout, ce sera du temps pour la découverte et pour être ensemble. On pense se concentrer sur l'Amérique latine pour 6 mois, puis un bout d'Asie pour le reste, mais le monde est ouvert et rien n'est fixé pour l'instant.

Mais il faut avant tout terminer de préparer notre voyage en France. Je pars jeudi chez belle maman, et mon amoureux, ma grand-mère et sa soeur viennent me rejoindre 3 semaines plus tars. J'ai tellement hâte de les voir réaliser un rêve en direct!

Je ne suis pas certaine d'avoir les nerfs assez forts pour vivre autant. 

Ou assez de trous de ceinture.

Même en réalisant ces rêves fous, je suis assez pathétique pour angoisser autant sur les maladies tropicales que ma fille pourrait attraper que sur l'impossibilité de trouver du Kale et de manger low carb au fin fond du Guatemala. Et que dire de l'angoisse des photos de voyage. C'est fou comme j'ai perdu tous les acquis psychologiques (et physiques) pour lesquels j'avais travaillé si forts pendant mes années de vrai anti-régime. Ces jours ci, je ne fais qu'essayer vaguement, prisonnière de mes dernières lectures et de ma terreur de grossir ou de ne pas maigrir. 

Je pense vraiment que le salut de mon âme se trouve quelque part entre l'impossible pleine conscience et l'inaccessible acceptation de soi. Et ça, où que je sois, c'est un combat contre la fuite.

La fuite, c'est ma grande spécialité. Mes premiers voyages ont été catastrophiques. Je pensais enfin pouvoir me soustraire à moi même et, au contraire, j'ai réalisé que le voyage oblige parfois une présence à soi douloureuse, lorsqu'on se retrouve ailleurs, au milieu d'étrangers dans des coutumes autres avec comme seule familiarité ce moi si inconfortable et insupportable.

Mais cette douleur est thérapeutique. 

Je me souviens de mon premier "vrai voyage". J'avais décidé d'aller marcher le chemin de Compostelle, avec l'idée sous jacente de voir de beaux paysages tout en brûlant des calories. Tout ce temps seule avec moi même, en silence, m'a plutôt plongé dans mon intériorité pas très calme, mais qui ne demandait qu'à ressurgir. Je me souviens de tous ces heures à écrire, de tous ces souvenirs qui remontaient, des rêves la nuit et des réveils en larmes, et de ces yeux brouillés le jour qui m'empêchaient de voir les petites maudites flèches dans les km qui ne finissaient plus de se succéder... une vraie torture, mais dans le genre masochiste. Un mal qui fait du bien. C'est si libérateur d'avoir un espace temps pour être soi, déprimée et chiante, sans personne de significatif autour. C'est ce qui m'a lancée sur l'anti-régime au retour, plus connectée à moi même que j'étais.

Je ne sais pas si un tel retour aux sources est encore possible, avec un amoureux et une toute petite puce pour m'accompagner, mais j'ai l'intention de profiter de ce temps pour remettre de l'ordre dans ma tête.

Et continuer mon jogging... 

Je cours maintenant 2 minutes d'affilées (et c'est presque la mort), en intervalles, pour 45 minutes! Ça aussi, c'est une autre histoire de chance. La vie a mise sur ma route une dame d'une cinquantaine d'année, la femme d'un collègue de l'Amoureux, qui se sentait seule au pays et que j'ai emmené presque par charité faire quelques activités sportives... J'ai découvert une femme extraordinairement inspirante qui m'a enseignée sans le vouloir à ne pas me fier aux apparence. Elle a grandit au Kenya (j'aime tellement l'Afrique de l'Est), a une histoire de vie peu commune et a décidé un matin de morosité de s'entrainer à courir le marathon des sables. Juste ça. Le marathon des sables, pour celles qui ne connaissent pas, c'est 240 km de course en autosuffisance alimentaire sur plusieurs jours dans le désert. Une pure folie donc. Elle elle l'a fait. Et maintenant, cette femme, qui n'a l'air de rien, a décidé de m'aider à m'entrainer pour que nous courrions un marathon ensemble. Entre ça et le désert, je me demande ce qui est le plus utopique... Mais bon, ça me fait une raison pour entrer dans mes souliers et arrêter de gémir. (En fait, je gémis toujours autant, mais bon...)

Bon, assez de lyrisme pour aujourd'hui. Le ménage m'attends avant que la sieste soit finie!



vendredi 13 avril 2012

Ces jours-ci j'affronte mon pire démon en face: l'impuissance.

Mon psy me parle de déni et de la nécessité d'accepter. Je n'en suis pas à l'acceptation, mais déjà, l'analyse de la réalité, ce n'est pas si mal.

Ça ne sera peut-être pas possible de maigrir. Voilà, c'est écrit.

La réalité, c'est que mes hormones font la fête sans moi et que j'ai toujours dans la tête un adénome hypophysaire sécrétant, ce petit détail que j'oublie toujours de mentionner sur les formulaires d'inventaire de santé.

Il m'emmerde. Pas que ce soit grave. Je préférerais juste l'oublier et c'est ce que je fais habituellement. Aujourd'hui, à défaut de détourner les yeux, je cherche une efface; naturopathe, acupuncteur, herboriste, n'importe qui. Et j'aimerais une conclusion comme cette fille, qui m'a soutiré quelques larmes de désespoir et de jalousie pour sa rémission spontanée...

Mon endocrino trouve que je m'en sors bien niveau poids. J'ai l'impression que ma grossesse a tout empiré et, en championne du déni, je reporte mes rendez vous depuis 2 ans... Je me suis simplement rendue à mon IRM, question de m'assurer que je pouvais continuer de ne pas penser à ça.

Ce blog, c'est peut-être l'histoire de comment on arrive à se rendre dingue et malade pour quelque chose sur lequel on a si peu de contrôle, sans vouloir l'admettre. Sans médocs, je grossis. Et les médocs font grossir.

Yé.

Pourtant, en ne régimant pas, j'ai perdu un peu. C'est déjà beaucoup. Et c'est la preuve que ça marche pour les normaux.

Accepter et faire simplement ce qu'on peut. Il faudrait que je m'y mette.


P.S.:Cette pub auquel fait référence la fille du blog en lien plus haut, m'a profondément choquée: http://www.sante.cfwb.be/index.php?id=3859


Qu'en pensez vous? Je ne m'étendrai pas sur le sujet. Vive les stéréotypes et les préjugés... C'est supposé être drôle?

mercredi 11 avril 2012

Un témoignage touchant...

Sinon, mon psy m'énerve par bout. C'est un excellent mentor pour ce qui est de la méditation et de la pleine conscience, mais pour lui, l'amaigrissement, ce n'est qu'une question de calorie-in/calorie-out. Ce qu'il ne comprends pas, c'est que même si j'ai probablement une meilleure alimentation que lui overall, malgré les compulsions, j'ai amoché mon corps avec les années de troubles alimentaires et de diète extrême. Mon système résiste à la perte de poids. S'il me suggère encore d'aller voir la diététiste qui lui a recommandé de boire des smoothies le matin ou de prendre des petites marches, je pense que je le mord.

Le problème n'est pas là. Je pourrais écrire une encyclopédie sur la nutrition. Le problème, c'est que je me suis remise à compulser, ce qui me fait grossir. Et que lorsque je ne compulse pas, je ne maigris pas. Mon corps semble avoir besoin de solutions inaceptables pour mon esprit. C'est toujours possible de tromper son corps, mais à quel prix, et pour combien de temps?

Les emmerdeurs me diront qu'il est vrai que je ne m'entraine pas beaucoup ces jours ci, et que ça aiderait sans doute. À celà, je répondrai que vous avez le droit de m'emmerder si vous savez ce que c'est, s'entrainer pour ne rien perdre du tout. Bien sur, il y a l'argument de la santé, mais il y a aussi les journées remplies, de bébé mais aussi de marches, de vélo... Que des excuses pour ne pas y aller plus fort, je le sais, mais je sais aussi que la plupart de ceux qui jugent n'ont pas "besoin" de mettre les pieds dans des running shoes et s'imaginent tout savoir sur la simple science de l'amaigrissement, alors qu'ils sont dans le champ. Bref, je devrais, mais ne le fait pas, et personne n'a le droit de juger ça sans marcher dans mes godasses.

Ma meilleure méthode de perte de poids, ça a été l'antirégime, et donc d'arreter de stresser avec l'affaire. Et voilà que je me retrouve encore avec un psy qui y croit à moitié... Je me retrouve donc seule contre mes idées régimiennes, sans quelqu'un qui comprenne vraiment la question pour me faire entendre raison.

Mais bon, malgré son incompréhension de la spirale hormonale (et psychologique!) du gain de poids, il m'aide. Indulgence donc!